Tous Finishers, merci Rodolphe

Publié le par ti'gros

Cela fait 8 jours que les 100 bornes de Millau sont passées et je me décide à vous en compter la teneur.

En effet, cette course mythique était l’objectif de l’année d’une partie des givrés. Après nos échecs et la réussite de notre champion à l’UTMB 2006, nous avions décidé de tenter une tout autre aventure et se frotter à ce mythe du 100 bornes.

L’appel des trails étant tout de même trop fort 5 d’entre nous s ‘étaient alignés à la 6000D qui verra mon frère faire une entrée fracassante dans ce monde de fêlé.

Valentin, Pierrick, Titi, mon frère et moi termineront cette course avec bonheur.

Désormais place à notre objectif de l’année. Mon frère, pour sa première année de givré, aligné son premier marathon en avril, son premier Ultra en juillet et son premier 100 bornes en septembre. Heureusement, il ne vient pas avec nous aux Templiers en octobre.

Départ en Camping-car vendredi matin et après de franches rigolades comme à l’accoutumée, nous rejoignons le terrain où l’organisation permet aux " petites maisons roulantes " de parquer. Direction le gymnase pour récupérer nos dossards.

Pierrick partis plus tard nous rejoint vers 21H et nous pouvons enfin dévorer nos sempiternelles pâtes ( un peu collante ce coup-ci mais bon 1,5 kg d’un coup dans une casserole cela fait beaucoup.

Après une petite bière dans un bar afin de voir la fin du match de l’Angleterre, nous décidons d’aller nous coucher. La nuit fût courte tellement mes pensées aller vers cette folie où je m’étais à nouveau embarqué.

Levé à 7H et après un petit déjeuner, les préparatifs sont laborieux. En effet, nous n’avons pas nos repères habituels dans ce camping-car à 4. Pierrick qui occupe seul avec son beau-frère l’autre camping-car est pour la première fois prêt avant tout le monde : je n’en reviens pas.

Je vois mon Valentinou au bord de l’énervement. Tout finit bien, les deux accompagnateurs de Pierrick et Valentin sont partis à temps et nous 4 nous rejoignons l’enregistrement à 9H où nous retrouvons Eric de l’OYA

La fièvre monte, j’y suis enfin au départ de mon premier 100 bornes. Dès mon premier Marathon en 2002 j’ai eu envie d’en faire un, mais l’ultra m’ayant happé avant, ce n’est qu’en 2007 que je m’y aligne. Et quitte à en faire un, ce sera Millau.

9H30, nous rejoignons en convoie la ligne de départ. Valentin retrouve dans la foule Ludovic, un coureur rencontré aux 50 bornes de Belvès. Ce dernier décide de rejoindre la joyeuse bande.

9H57, je rejoins la foule malgré les tentatives d’obtention de la liaison satellite avec mon Garmin infructueuses. (Il est interdit de rire ! ! !)

La douce sensation tant vécue sur ces fameux départs m’étreint au plus profond de moi-même.

Mes pensées vont à Rodolphe qui fait tant aussi bien pour les Givrés, les coureurs de l’ASB et tous les gens qu’il croise. Bien que certaines personnes malveillantes tente d’écorner son aura, je peux dire ici que rien que ma rencontre avec ce personnage hors du commun justifie tous les efforts consentis lors de tous ces entraînements.

Tous les givrés présents à Millau auront également une pensée pour lui.

10H, le départ est donné. Il nous faudra 2 minutes pour passer la ligne de départ, s’étant placé en queue de peloton.

C’est à 10 kilomètres à l’heure que nous partons, Pierrick, Valentin, François, Eric, Ludovic et moi accompagnés des 3 suiveurs.

Franches rigolades occuperont ces premiers kilomètres. Il est vrai qu’à cette allure, nous avons tout loisir d’admirer le paysage. Au bout de quelques kilomètre, nous retrouvons Marc de l’ ASBasainville. Evoluant moins vite que nous, il récupère François nous laissant continuer notre progression à 10 km/h.

Les kilomètres et ravitaillements défilent à une vitesse folle sans que l’on s’en aperçoive. Je suis tout étonné d’être encore avec mes compères d’entraînement. En effet, à mon souvenir, hormis notre premier Marathon en 2002, Pierrick et moi, jamais je n’ai couru avec eux.

Serais-je partit trop vite ou est-ce eux qui sont pour une fois trop prudent ?

Certainement que mes 5 kilos récemment perdus m’aident à aller plus vite, mais tout de même. Pierrick me demande plusieurs fois si je suis à l’aise à cette allure. Et étonnement, je me sens bien.

Mon perpétuel doute en moi me fait dire à mes compères au 35èmes kilomètres : " les gars, je rentre le Marathon avec vous, mais après s’en est finit pour moi, je retourne dans le rang "

Surtout que je commence à sentir dans les jambes un début de lassitude.

Le passage à Millau est fantastique, une foule en délire, un passage dans le gymnase qui verra dans quelques heures, je l’espère, notre arrivée triomphale.

A la sortie de Millau, première difficulté et déjà nos deux gazelles, Eric et Valentin s’en vont. Pierrick et Ludovic me décroche un peu, ça y est, ce que je redoutais est en train de se produire. En même temps je suis tellement habitué à courir seul.

Je pense que je n’ai pas une allure régulière et la progression de métronome de Pierrick était en train de m’user prématurément.

Ayant bien étudié le parcours (pour une fois et je peux vous dire que cela m’a énormément servit et donc je le conseil à tout Ultra-traileur), je me dis que cette côte de 2-3 kilomètres est suivie d’une descente de 4 kilomètres et ensuite un long faux-plat de 7 kilomètres avant d’attaquer un véritable mur de 4 kilomètres au 61ème kilo.

C’est dommage de me laisser décrocher ici et continuer seul, un petit effort Cyril et tu pourras continuer avec Pierrick et Ludovic jusqu’au 61ème kilomètre.

C’est là que je teste une chose que j’ai lu, laisser partir son esprit ailleurs et ainsi oublier son corps et ses douleurs afin de mieux progresser. J’envoie, oui " j’envoie ", le mot est parfaitement choisi, mon esprit sur le bord de cette rivière où cet été, mes enfants, ma femme et moi avons plusieurs fois pic-niqué. Et le miracle se produit. Tout d’abord je rejoins très rapidement les 2 échappés et ensuite je les distance un petit peu.

Nous passons le 50ème kilomètre en exactement 5H : bravo nous sommes pile poil dans les temps.

Nous continuons à progresser à 10 km/h et je continue à être surpris d’être aux côtés de mes 2 compères.

Le fameux mur arrive enfin après que nous ayons croisé une fusée accompagné de 4 suiveurs courant à vive allure dans l’autre sens. Il a plus de 20 kilomètres d’avance sur nous et n’a même pas l’air entamé. Sans aucun doute le futur vainqueur, surtout qu’il compte pas loin d’une demi-heure d’avance sur le deuxième.

Dès les premiers mètres je suis décroché, mais je suis content j’ai fait plus de 6 heures en groupe et il reste moins d’un Marathon. Surpris, je vois également Ludovic en difficulté. Je reviens sur lui en lui faisant part de mon expérience joyeuse de " l’ envoie de l’esprit ailleurs ". Moi-même je me retrouve à nouveau sur le bord de cette rivière avec toute ma famille à batifoler dans une eau limpide et à nouveau le miracle se produit.

Je reviens comme une fusée sur Pierrick et le lâche inexorablement. A ce moment là, une voiture se met devant moi et qui je vois en train de me filmer :Serge Girard faisant un reportage. Ce héros des temps modernes, ce globe trotters de l’ultra long me filme moi, un petit coureur anonyme, ex-gros essayant de terminer son premier 100 bornes. Devant tant d’humilité de la part d’un vrai champion, je suis grisé et continu mon ascension folle.

Je distance de pas loin de 500m mes deux compères et arrive en haut s’en m’en apercevoir.

Je décide de continuer seul, me disant que Pierrick et Ludovic me rattraperont tranquillement dans la descente vers Saint-Affrique.

La jonction ne s’opérera que dans le gymnase au 71ème kilomètre où j’entre au bout de 7H27 de course. Nous sommes encore sur de bonnes bases.

Nous effectuerons là une véritable pose d’une demi-heure et repartirons tous 3 bien décidés à finir ensemble de fabuleux 100 kilomètres.

Sur les conseils avisés de mon Pierrickounet nous décidons l’alternance course-marche sur les parties montantes qu’ils nous restent à passer.

Et de partie montante il y en aura sur ces 30 derniers kilomètres, de véritables cols. Je comprends pourquoi Millau est considéré comme les 100 bornes le plus dur d’Europe.

Chacun notre tour nous connaîtrons des passages à vide mais la course d’équipe prend toute sa signification durant ces derniers kilomètres. D’encouragement en sollicitations, nous avançons coûte que coûte. Le soutien de François, beau-frère et accompagnateur de Pierrick est également salvateur.

A St Rome de Cernon au 82ème kilomètres, nous croisons mon frère qui boucle seulement les 60 kilomètres. Il est très mal en point, marche en boitillant et est seul depuis le 30ème kilomètre. Je suis très inquiet pour lui, n’en a t’il pas fait trop cette année. J’espère qu’il pourra finir tout en me disant en mon for intérieur que s’il rejoint Saint-Affrique se sera déjà très bien. L’avenir me fera découvrir une facette que je ne lui connaissais pas.

La dernière difficulté se présente enfin à nous : la montée vers le Viaduc. Il fait nuit noire, c’est génial. C’est sur on va le terminer ce 100 bornes. Pierrick m’interpelle : " cela ne rappelle rien cette ambiance ". Bien sur que cela me remémore souvenirs, la montée du col du Bonhomme lors de l’UTMB 2006 avec toute les frontales en file indienne.

En haut, nous passons le 92ème kilo, il ne peut plus rien nous arriver et c’est à plus de 12 à l’heure que nous dévalons la dernière course. Pierrick nous rappelle tout de même qu’il reste un dernier coup de cul. Quelle mémoire celui-là, malgré l’étude du parcours je l’avais oublié celui-là.

Non plus rien ne m’arrête, je prends la tête du trio. J’entends Pierrick avec, il me semble, une pointe d’admiration me dire " tu te souviens de tes premières sorties où tu faisais 7 kilomètres en 1H, et là t’as 95 bornes dans les pattes et tu cours encore à plus de 12 km/h "

Et oui mon Pierrick que je m’en souviens et tu peux pas savoir comment je me sens vivant dans ces moment là. Oui, on est tous en train de faire un truc énorme et à ce moment là, ta lucidité te permet de t’en rendre compte. Moi il me faudra plusieurs jours pour réaliser.

L’entrée dans Millau est fantastique malgré un manque certain de spectateurs. Les derniers kilomètres sont un véritable rêve. Déjà le blues de l’ultra traileur remplissant son objectif poursuivi depuis de long mois m’étreint. Je n’ai pas envie que cette course s’arrête, cela a été trop rapide.

Pierrick aurait pu nous lacher durant ces derniers kilomètres mais c'est ensemble que tous 3 avons envie de finir cette course

Et c’est main dans la main que Ludo, Pierrick et moi termineront ce doux rêve qui nous a fait entrer dans le monde très fermé des CENTBORNA RD en 11H20

A l’arrivée, Valentin nous attend. Il a bouclé son 100 bornes plus de 30 minutes avant nous (10H44) et Eric a terminé en 10H39.

Bien sur nous nous tombons tous dans les bras (des vrais tafioles ces coureurs). Pierrick a envie d’embrasser le podium, pour ma part je sais plus où j’habite, bafouille quelques mots au speaker.

Rapidement mes inquiétudes vont vers mon frère François, où en est-il ? Après, un massage, une bonne douche et un bon repas, nous décidons d’aller nous reposer. Mon frère n’est toujours pas là.

Entre temps, Marc bouclera son périple en 12H35.

La nuit est difficile, mais au petit matin j’entends la porte du camping-car qui s’ouvre, c’est le frérot qui rentre bien mal en point mais victorieux de ses 100 bornes en un peu plus de 19H.

Bravo François, tu as démontré une force de caractère hors du commun que je ne te connaissais pas. Comme quoi, on peut en apprendre sur ces proches toute la vie.

Voilà, ce que fût pour nous notre premier 100 bornes. Tous finisher et ceci en très grande partie grâce à l’excellente préparation de notre coach préféré Rodolphe à qui nous disons tous MERCI.

Publié dans CR de courses

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