333 km non-stop dans le désert ...
Imaginez vous courir 333 km non-stop dans le désert... Peut-être difficilement imaginable pour certains et pourtant tout à fait accessible …
Il y a quelques années, en suivant une course à étapes, l’un des participants m’a décrit la Trans 333, la passion avec laquelle il en parlait était fascinante. Depuis, j’ai gardé en moi l’envie d’y participer et de découvrir une course « non stop » dans le désert… c'est ainsi que cette année, je me suis retrouvé à courir la Trans 333, une aventure inoubliable.
La Trans 333 est une course « non stop » de 333 km à terminer en 108 heures maximum. Elle se déroule cette année dans le sud du Maroc (Mhamid) sur un tracé composé d’une boucle traversant pistes, caillasses et dunes. 40 participants se sont préparés de longs mois pour en découdre du 30 novembre au 4 décembre 2009, la course est composée de 15 points de contrôle espacés de 22km où un ravitaillement d’eau et une réserve de nourriture déposée par chaque coureur attend les participants.
Y participer et franchir la ligne d’arrivée est l’objectif que je me suis fixé ….
Accompagné par la douceur et l’immensité des paysages traversés, la chaleur du soleil et la fraicheur de la lune, le passage de chaque point de contrôle est une victoire, une avancée vers l’objectif fixé, la libération et l’émotion d’aller au bout ….. durant les heures passées dans les dunes, la caillasse, le désert immense, tout se mélange, joie, euphorie, doute, lutte contre le sommeil et apaisement de voir l’arrivée se profiler.
L'aventure humaine est grande. Sept nationalités sont représentées, chaque participant fait son "travail", avancer et se maintenir éveillé, le staff médicale est omni présent, une solidarité réelle entre coureurs et une organisation atypique à l’écoute de ses participants. Une aventure qui se vit au fil des heures et des kms parcourus, enrichie des rencontres insolites (Touaregs et Nomades souvent la nuit)
Un silence qui en dit long sur les doutes, un regard rempli d'étoiles et d’émotions lorsque se dessine l’idée d’y arriver ...
En journée, contourner les dunes et les caillasses est facile. La nuit, ça se complique, il n’est plus question de les éviter, guidé au GPS, l’ascension de dunes et des pierriers s’enchaine, la fatigue nous envahie, les hallucinations s’installent prenant le dessus sur la réalité des paysages, voir et revoir les superbes demeures blotties dans les dunes …. un mixte du conte de mille et une nuit, d’un voyage au centre de la terre gouté à la sauce on a marché sur la lune …
La douleur musculaire s’oublie, il reste les pieds endoloris due aux nombreuses heures à courir. Au fil du temps, l’absence de lucidité entraine à tenir des raisonnements insensés, Certains coureurs comprennent que le temps joue en leur faveur : plus le temps avance, plus ils se rapprochent de la ligne d'arrivée, arrivant à se convaincre de s'arrêter et d'attendre que le temps fasse son affaire …. D’autres participants ne voyant pas la fin à portée font demi-tour à quelques kms du but, persuadés que retourner sur ses pas raccourci pour rallier l’arrivée ….
Sur 40 participants, 32 ont vu le bout. J’ai parcouru les 333km en 4 jours et 3 nuits, 82h30 d’efforts ont étés nécessaire pour voir le bout, l’apaisement et l’émotion de franchir l’arrivée est énorme lorsque elle nous envahie, la sensation que la volonté permet d’aller au-delà de l’effort est réelle ….
….. Au fil des jours, s’installe le plaisir de l’avoir terminé…
Les amis …
A cette bande d’allumés qui avez mis le feu à l’envie de gouter aux ultras …
A notre exemple à tous de courage et de volonté qui connait le conte des mille et une nuits.
Aux regards qui pétillent …
xavier.