Un 100 Bornes sinon rien

Publié le par Tigros

Je me décide enfin, pratiquement 1 mois après à relater mon second 100 bornes.

Peut-être que ma très grosse fatigue actuelle m’a replongé 1 mois en arrière et m’a enfin poussé à réaliser ce CR.

Le début du Week-end a été brillamment exposé par mes deux compères d’infortune Eric et Titi et donc je n’y reviendrai pas.

A part, peut-être redire encore comment ce petit gîte trouvé par Valou est vraiment magnifique et que le repas fût gargantuesque et succulent.

Donc après une bonne nuit à digérer, nous nous réveillons à l’aube titi, Valou, Eric et moi.

Rodolphe lui dort avec sa famille et nous le retrouvons au retrait de dossard. Notre compère de toujours, pierrickounet est resté cloué au lit par une mauvaise grippe.

Brigitte Bec est parmi les coureurs et c’est très impressionné que je la regarde répondre aux questions d’un journaliste.

8H, le départ est donné. Cela part à mon goût trop vite pour un 100 borne.

Rappelez-vous de ma devise en ultra : « Partir doucement, ralentir au milieu et finir comme on peut ».

Donc dès le début je vois au loin Rodolphe en 4ème position et Valou pas loin derrière.

Pour ma part, les tous premiers kilomètres seront courus avec titi et Eric.

Un premier arrêt pipi me fera décrocher d’Eric et il me faut bien 2 kil pour revenir sur lui. Bien que ces premiers kilomètres soient en faux plat descendant je trouve que l’allure et trop haute et le dit  à Eric. Titi lui, plus raisonnable est déjà derrière nous.
Eric semble bien et je décide de le laisser partir : du 12 kilomètre heure c’est bien trop pour un 100 bornes.
Je passe tout de même les 10 premiers kilomètres en 51 minutes. Une première pensée vient à moi : je suis parti bien trop vite et ce n’est pas mon habitude (lire plus haut ma devise),  tu vas morfler mon Tigros. Et puis mince, pourquoi ne pas tenter d’appliquer une nouvelle devise emprunté à un journaliste d’ UFO magazine : « l’impossible recule au fur et à mesure que l‘on avance vers lui »

C’est donc rempli de pensées positives que je poursuis ma route dans ce 10 bornes.

Les 20 kilomètres sont effacés en 1H47 et c’est ensuite à 10 kilomètres heures que je rejoindrai Sarlat.

Les paysages lors de cette première moitié sont magnifiques et les châteaux plus beaux les uns que les autres.  Beynac, ST Cyprien, la Roche-Gageac  et Montfort remplissent encore mes pensées 1 mois après.

Peu avant le 40ème  kilomètre je reconnais au lion le buff noir d’Eric. Tout d’abord je n’y crois pas.  Je ne peux pas revenir sur lui, il avait l’air si bien et puis il m’avait mis plus de deux heures sur les 80 kilomètres de l’Ecot rail de Paris. Mais pourtant c’est bien lui et il marche dans les côtes. Arrivé à son niveau je lui demande : que t’arrive-t-il ? C’est mon genou qui me lâche. Mince, j’ai mal pour lui mais me résous à poursuivre ma route. Bonne chance Eric et à plus tard. Je ne doute pas une seconde de sa motivation et de son courage au vu des 8H30 réalisé sur l’ Eco trail. Perf qui avait un peu scotché tout le monde au club.

D’ailleurs, ce maillot de l’ Eco trail sur l’épaule m’a valu de nombreuses discussions et même un bout de chemin parcouru avec le Dr Donati, chroniqueur sur Jogging International (première revue que je lisais lorsque j’ai commencé à courir et que je conseil mais désormais je préfère 100 fois m’évader avec UFO magazine ou trail attitude de Christophe Vatinel ponctué d’article de notre ami Sylvain Bazin).

Donc, c’est avec un peu d’avance sur mes prévisions que j’atteins Sarlat, théâtre de la mi-course  en 4H43.  Aie aie aie, l’année dernière où je ne m’étais aligné que sur le 50 kilomètres, j’avais mis 4H45. Je réalise que je suis bien trop rapide et surtout la chaleur commence sérieusement à se faire sentir. Oui, je ne vous pas encore parlé de cette composante qui pourtant sera déterminante dans cette course.

C’est avec plus de 30 degrés à l’ombre que nous devrons courir cette deuxième moitié de course et de l’ombre, il n’y en aura pas beaucoup sur cette portion.

J’arrive donc à Sarlat et j’entends une voix bien connue m’encourager.  Cela fait plaisir mais je réalise tout de suite que cette voix ne devrait pas être là mais loin devant à batailler pour les accessits.  Oui, il s’agit bien de Rodolphe qui est assis dans l’herbe et qui me dit « Super Cyril, t’es dans le Timing, continue comme ça c’est génial ». Bien entendu je lui demande ce qu’il fait là.  « Il fait trop chaud, je ne vais pas au carton »  Je prends un coup sur la tête, mais bon il faut que je reparte tout de suite, surtout ne pas laisser le doute s’installer. 50 m plus loin une petite voix féminine m’encourage : « Vas-y Cyril, t’es un champion » Mais je ne connais pas cette ravissante dame. Qui est-elle et comment connait-elle mon prénom. Mon manque de lucidité ne me permette pas de me souvenir à ce moment là qu’Eric nous avait dit qu’une collègue à lui serait à Sarlat et je me mis bêtement à scruter mon dossard à la recherche de mon prénom inscrit dessus. Ce n’est que plus tard que je me souviendrais de ce détail.  En tout cas ces encouragements me firent bien plaisir.

Je repars donc de Sarlat, meurtris d’y laisser Rodolphe et est-ce cet abandon, la chaleur de plus en plus insupportable ou la fatigue commençant son travail de sape mais les 5 kilomètres suivant sont un calvaire.  De nombreux coups de cul ont raison de mon allure et mon ¼ d’heure d’avance sur le « 10 heures au 100 bornes » fond comme neige au soleil.

En l’espace d’un ¼ d’heure mon allure a chuté d’un à 2 kilomètres heure et entre chaque ravitaillement je vide ma gourde. C’est là que je comprends l’importance d’un accompagnateur. Je suis seul pendant de nombreux kilomètres, personne devant, personne derrière et je me demande même si je ne me suis pas trompé de route. Je m’arrête même quelques dizaines de secondes pour m’assurer si quelqu’un me suit. Ouf, un coureur, ou plutôt une coureuse me suit.  Tranquillement elle me rattrape, et me laisse sur place.

De 6 minutes au kilo je passe à 7 voir 7min 15 au kilo.  Je continue à avancer malgré tout.  Au 65ème kilomètre je suis en 6H30 soit 17 minutes de perdues en kilomètres. Fichtre, quand je vous dis que j’ai pris un e claque ! 1H47 pour 15 bornes c’est pas top !!!

Je comprends là que les moins de 10H sur ces 100 bornes s’éloignent. Aller il faut continuer, ce n’est pas ça qui est important, c’est finir.  Un coup de fil de Titi m’apprendra qui lui aussi à dû renoncer sur blessure.

Au 70ème  kilomètre un voiture me double, c’est Rodolphe et toute sa famille : « Aller Cyril, c’est génial continu ». Je lui rétorque que je suis complètement cuit et que je vais essayer de terminer au mental. IL me reste 30 bornes et je n’avance plus qu’à 8-9 kilomètres/heure.

D’ailleurs cela devait se voir que j’étais cuit, car Muriel, la femme de Rodolphe m’a avoué par la suite qu’à voir ma tête elle ne comprenait pas notre entêtement à aller si loin.

Oui, c’est vrai que nous allons parfois très loin, voir trop loin. Et même sur ce coup-ci je pense que j’ais été trop loin au vu de mon état de fatigue 1 mois après. Mais bon sang qu’est-ce qu’on se sent vivant lors de ces longues traversées face à nous même où seule la souffrance nous accompagne.

A chaque ravitaillement je m’asperge d’eau  et suis contraint de repartir quelques mètres en marchant avec mes jambes qui sont similaires à 2 bouts de bois incandescents.

Malgré tout ça j’avance, je me refuse de marcher et j’ai bien tord. Cette méthode Cyrano  qui avait fait des miracles à Millau en Septembre dernier : 4 minutes de course et 1 minute de marche.   Pierrick t’es où ???  J’ai besoin de toi, je souffre. Je retente ma méthode qui consiste à envoyer mon esprit ailleurs, en dehors de mon corps qui n’est que souffrance. Même ça, ça ne marche pas. Je pense à ma femme, mes enfants, rien n’y fait mon esprit reste emprisonné.

  Tant pis il faut continuer à avancer : 75ème  kilomètres, 80ème, 85ème. Mon Valou doit être arrivé et ceci en un chrono qui fera taire « Tête de con » et bien d’autres friands de critiques facile à l’encontre  des entrainements de notre coach.

Que les médisants viennent passer un week-end avec nous lors de nos escapades kilométriques ou un vendredi soir ou une trentaine de doux-dingues gambadent ensemble tous niveaux confondus.  Car la plus grande force de Rodolphe c’est d’être capable de faire courir ensemble tous ces gens et surtout de les faire courir après le bonheur et non le chrono.   Oui , être entraineur, c’est avant tout être éducateur et donc de s’occuper du « champion olympique » mais aussi du Tigros qui en bave derrière. Ce n’est pas de s’occuper seulement des 3, 4 meilleurs d’un club en ignorant totalement les autres.

A bon entendeur salut.

Revenons à nos moutons.  Deux coups de fil à ce moment là me feront le plus grand bien. Tout d’abord Xavier qui tente de me remonter le moral puis Pierrick qui m’appel alors que je passe le 90ème kilomètre : «  super il ne te reste que 10 bornes, tu vas faire moins de 10H30 (à ce moment là j’en étais à 9H30 de course) » Je lui réponds qu’il rêve et qu’il a bien longtemps que je ne cours plus à 10kil/H.  Il me nargue avec une tartine de Nutella qu’il est en train de manger. Je rigole et ces 2,3 minutes à discuter mon permis un peu d’oublier ma douleur.

Donc je me refuse à marcher craignant que la marche me soit fatale. Grave erreur et c’est seulement à partir du 95 ème kilomètre que je m’octroie 30 secondes de marche à chaque kilomètre.

Enfin le 98ème kilomètre arrive. Depuis longtemps, je m’étais dit au vu du profil des 2 derniers kilomètres que je marcherais à partir de là. Une vrai fin d’étape de montagne du tour cette arrivée. Après 98 kilomètres, ils sont malades !!!!

Je suis en 10H30 à ce stade là et les moins de 11Heures sont réussis, il ne me reste plus qu’à rallier l’arrivée en rampant. Le téléphone sonne, c’est ma Zaza. Comme à chaque fois lorsque j’ai ma femme lors de mes courses l’émotion me submerge  et je lutte pour ne pas pleurer.
Je lui indique qu’il ne me reste que 2 kilomètres et que je suis bien content d’en finir. Je raccroche avant de me mettre à pleurer comme une madeleine. A ce que la fatigue nous rend sensible.
 Je marche à 6.5 kilomètres heure. J’essai de courir et vois mon GPS monter péniblement à 6.9 kil/heure. Pas la peine de se faire du mal, je finirais en marchant.

A  300 mètres de l’arrivée, je vois mon titi qui est là, fidèle, à filmer, prendre des photos. Cela me réchauffe le cœur. Je termine en trottinant, titi est à mes côtés, me dis que Valou est arrivé seulement depuis une vingtaine de minutes. Je n’y crois pas, que lui est-il arrivé ?

Lui aussi aura morflé de la chaleur. Titi m’apprend aussi qu’Eric est au 97 ème kilomètre. Génial, son genou a tenu.

J’en termine de ce calvaire, je sers le poing, heureux d’en terminer.

Je me dirige directement sous la tente de massage où de charmantes kinés tenteront de me requinquer.

Je retrouverais Valou, Eric et heureux nous échangeons nos premières impressions à chaud.

Nous avons tous souffert de la chaleur insupportable, sommes un peu déçus de nos temps.
Les masseuses par une première réflexion commenceront à me faire comprendre que nous avons réalisé une grande chose. En effet, surpris d’être massé par 2 jeunes filles en même temps, je leur dis que le gros de la troupe a dû déjà passer et qu’elles ont plus de temps à nous consacrer nous les besogneux. Elles me répondent qu’au contraire, nous faisons partis des  premiers et que le peloton n’est pas encore passé.

En effet, nos 48ème, 61ème et 72ème places respectives sur plus de 500 partant en témoigneront, et que finir tous 3 en moins de 11H ce 100 bornes relève d’un bel exploit au vu des conditions climatiques.

 

C’est donc heureux, mais très fatigués et boitant que nous rejoindrons le soir même nos maisons, sans oublier un arrêt d’une heure et demi sur une aire d’autoroute. En effet, nous ne nous bousculions pas pour prendre le volant.

Je crois que pour la prochaine fois, il sera plus sage de dormir sur place après une telle course.

En tout cas ce que je retiendrai de cette nouvelle course de Givrés c’est qu’encore nous avons passé un merveilleux week-end ensemble et surtout je suis heureux d’accueillir parmi nous un nouveau « vrai givré » en la personne « du boulet ».  Un vrai personnage celui-là (tout comme sa femme d’ailleurs).

Pour finir et pour faire taire Bazaindimanchois je dirais « Le chemin que tu prendras t’es indiqué par un ami, mais c’est toi qui y marcheras ». En d’autres termes, les entrainements de Rodolphe sont ce que nous en faisons et non des dictats à la perf.

ET à bientôt pour de nouvelles aventures : ce sera Dimanche prochain au trail des cerfs, en route pour l’ UTMB.

 

Publié dans CR de courses

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
T'auras mis le temps, mais tout y est !L'émotion, l'envie, la pation, la lutte, le doute, l'amour, la souffrance, la haine même ...... la course, quoi !Je suis honoré de votre humanisme (aux givrés) et ferais de mon mieux pour vous accompagner.Le boulet.PS : j'en connais deux qui vont morfler au Trail des cerfs, hein mon Tigros ? Et des deux, je pars avec un "avantage" (mon genou décomposé)...
Répondre